mardi 8 avril 2008

Courage

S'il y a un mot à retenir me caractérisant durant ces longs et riches premiers trimestres de l'année scolaire 2007/2008 je choisirais alors le courage. Il est vrai que cela peut paraître un tant soit peu prétentieux. Ce blog l'est d'une certaine manière, il parle de moi, des autres aussi, mais toujours par le prisme de mon regard...
Le courage, ceux qui me connaissent savent alors que j'en manque bien souvent, que j'en ai particulièrement manqué à certains moments où, peut-être un peu plus courageuse, j'aurais su affronter certaines choses sans que cela me mène dans d'obscurs gouffres. Mais il est vrai aujourd'hui, je pense pouvoir m'associer à ce terme : courage. Je ne l'avais pas vraiment réalisé avant ce fameux soir de début février. D'une flamme offerte sans tabou à un être cher je me suis rendue ridicule, mais à en retenir un seul mot pour tout refus je garde celui de courageuse. Oui, dans ce grand moment estellien, j'apprends alors que je suis courageuse. Et depuis je ne regarde plus les choses de la même manière. Et il me paraît venu le moment de mettre des mots sur tout cela, aussi lourd que cela puisse être pour les lecteurs...
Pour commencer l'année scolaire, j'ai choisi de quitter Aix, pour moi cela ne s'apparentait pas à du courage mais à du bon sens, quitter cette ville où je me sentais si mal, tellement agressée et fatiguée par les prix, les gens, le passé, les bruits, les touristes, les rues, la saleté, les apparences, les voitures, et j'en passe. C'était vital de partir de quitter cette ville qui représentait beaucoup d'échecs : amoureux, professionnels, personnels...Bref, j'ai pris mes cartons et mes souvenirs, j'ai pris mes envies de renaissances et de reconstruction. J'ai choisi une autre ville, une autre vie, sur une terre vierge de passé et de nostalgie. Je ne savais pas qu'aux yeux des autres cela pouvait s'apparenter à du courage. Mais il est vrai qu'en quittant Aix, je quittais aussi une certaine sécurité, certaines personnes importantes. Peut-être voulais-je me prouver qu'elles reteraient importantes quelque soient l'endroit où j'habite. J'ai cette tendance à m'éloigner des gens que j'aime, c'est peut-être ma façon de les aimer d'ailleurs. J'aime en quittant...Est-ce là du courage? Est-ce là ma façon de ne pas oublier d'être moi avant l'amour même que j'ai pour les autres et qui est souvent excessif ? Je pense là à ma famille, à ma meilleure amie, à Sophie, à Ga, à Anne et à tous ceux qui ont fait plus que croiser mon chemin.
J'ai longtemps cru que je ne pouvais être quelqu'un que l'on puisse aimer réellement, condamnée par cette certitude je mets un temps extrêmement long pour donner ma confiance entière aux autres. Je manque de courage vis-à-vis de ce que l'on peut penser de moi. Enfin peut-être devrais-je ici parler au passé. En effet, cette année sans me le dire vraiment, j'ai entammer toute nouvelle relation, quel qu'elle soit par un don entier et sans retenue. Et cela tant avec les élèves, que les collègues. Estelle peut être maladroite, drôle, piquante, moche, jolie (si parfois un peu), absente, enfant, adulte, grognon, souriante (très souvent), enseignante apte à tenir une classe, minutieuse dans sa préparation, à l'arrache (si si et ça marche aussi très bien), exigeante, coulante, pathétique, attachante...bref tant de choses que je n'arrivais pas à assumer dans ma nature même d'être de nature et de droit sur cette Terre, dans ce pays...Bref, je prends enfin le courage de m'accepter dans toute mon ambiguïté même. Je réalise là que sans quitter Aix je n'aurais sans doute pas pu accéder à tout cela.
Du courage il est vrai, aux yeux des autres il m'en a fallu une large dose pour affronter mon statut de non validée de l'Education nationale, affronter le défilé de visiteurs dans ma classe, affronter les entretiens, les critiques, les jugements, mais aussi et surtout les conseillers ici m'ont apporté de la confiance, des sourires, un regard extérieur, des encouragements. Tiens être encouragée , oui cette épreuve professionnelle m'a aussi fortement guider dans la voie du courage. Mes collègues n'y ont pas laissé leur part non plus, aurais-je pu tomber dans une école autre avec une place si évidente à prendre? Aurais-je pu avoir des collègues plus souriants, plus sincères, tant dans leur humour décalé, que dans leurs aides diverses et variées? Chacun à sa manière, m'a apporté ce que j'ai peut-être aussi eu le courage d'aller chercher....J'ai tendance à remettre mon mérite aux autres, ils ont contribués, tous et toutes, à ma naissance dans ce métier mais je dois aussi avouer avec courage que j'y étais prète. Je sais maintenant chaque matin au réveil que ce métier est pleinement le mien, il m'aura fallut du courage pour le dire enfin!
Je viens de me relire, un certain manque de courage à assumer ce message me pousse à ne pas le publier mais vu l'intitulé, je clique courageusement sur OK....

1 commentaire:

  1. Et si la courage était la force de ceux qui s'admettent cette qualité sans prétention?
    Avoir peur de demain, d'hier et de tout à l'heure, c'est universel...Mais ce qui n'est pas courageux, c'est d'ignorer cette peur, de la taire et de fermer les yeux sur la réalité qu'on ne veut pas voir. Toi, tu ne te contentes pas de voir, tu regardes et tu dis...Le courageux, l'audacieux, c'est celui qui observe, qui doute un peu mais qui finit toujours par agir...en bien ou en mal, peu importe! on a toujours une seconde chance...si on a le courage de la saisir! (un petit truc que j'ai eu du mal à admettre cette année!)
    Aucun souci à avoir pour ce que tu es et ce que tu seras...Un prof de lettres blinois connu de nous deux m'avait dit que "Qui suis-je?", A. Breton, c'est la question de toute une vie et que le jour où la réponse tombe, c'est qu'on ne vit plus...
    Chaque jour on se découvre. Aujourd'hui tu t'es comprise courageuse et demain, tu verras en toi une autre qualité! On ne peut que progresser dans sa personne quand on a le courage d'être soi-même!
    bises

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