A nu, sous terre, lumière au front
Tous identiques sous l'humus frais et luisant
Tu fuis l'affront d'un tiers
et pars seul sans lampe
A nu, vers le commun des logis
Tu vis mais ne respires plus
Tu t'éloignes de tout autre
là dans ce profond sous-toi
Ici, il n'y a pas de mur, pas de porte c'est le tout recouvert
Ici, c'est infiniment noir
A nu, vers l'autel des invisibles rampants
Ici rien ne tient debout à nu
aucune surface pour écrire à nu
les mots s'ensevelissent aussitôt posés à nu
A nu, tu creuses silencieux
à la recherche d'un alter-rejet en fuite
Tu cries son nom
l'écho mat s'accroche
aux racines d'orties
A nu, tu crois disparaître à je et à mes Tu crois une vie sur sol impossible
Je porte une remorque d'espoir au crépuscule
Je la vide sur toi jusqu'à lune haute
A nu, vers les nuées de larmes
Je tends ma main au bout de la pelle
La cavité s'empêche tout aussitôt
J'emplis ma bouche de terre si noire j'enfouis tous mots à t'offrir
Tu en recevras quelques ondes
Tu sauras alors que je suis là
Nue au soleil de te revoir.